J0urn4l d'3-24ck https://e-zack.journalintime.com/ Journal anonyme d'un jeune misanthrope transhumaniste. fr 2021-07-23T02:00:58+02:00 https://e-zack.journalintime.com/Et-puis-flute Et puis flûte Je crois que j’ai besoin de partager ce que j’ai fait à quelques personnes. Déjà, papa, maman, les flics : nous sommes près et loin en même temps, nous ne reviendrons pas, alors cessez de nous chercher. Il y a plus grave qu’une bande d’ados en fuite. Je m’en veux d’avoir entraîné Jackson là dedans. Il a tout pour réussir, et il gâche tout ça pour moi. Ce mec est un véritable frère. Cynthia me fait la gueule depuis le début du trajet. Je ne sais pas comment arranger la situation. Notre premier baiser me paraît bien loin. Léon ne parle pas beaucoup lui non Je crois que j’ai besoin de partager ce que j’ai fait à quelques personnes.
Déjà, papa, maman, les flics : nous sommes près et loin en même temps, nous ne reviendrons pas, alors cessez de nous chercher. Il y a plus grave qu’une bande d’ados en fuite.

Je m’en veux d’avoir entraîné Jackson là dedans. Il a tout pour réussir, et il gâche tout ça pour moi. Ce mec est un véritable frère.

Cynthia me fait la gueule depuis le début du trajet. Je ne sais pas comment arranger la situation. Notre premier baiser me paraît bien loin.

Léon ne parle pas beaucoup lui non plus, à part pour parler un peu à Lola. J’avoue que je ne comprends pas ce qu’elle vient faire là. Quand elle a appris que Jackson partait en vadrouille, elle nous a rejoint. Je crois qu’elle n’a pas encore saisi que nous sommes des criminels à présent.

Peut-être que Jackson a une chance avec elle ?

Ça m’arrangerait. Il se fait encore trop proche de Cynthia.

Bon, assez tourné autour du pot.
Pour la faire courte, le maire voulait détruire notre coin. Déjà qu’on nous impose le pass sanitaire, les masques dans certains lieux (et encore on sait jamais vraiment lesquels), voilà qu’on nous volait notre seul lieu de légèreté.

J’avoue, je n’ai pas assez réfléchi à ce moment-là. J’étais comme fou. Le vieil hôtel détruit, cela veut dire plus de Léon, plus de Cynthia, plus de sardines grillées dans des ruines. La maison, mes parents, Faustine, Clément. Retour à la case départ. On a tous laissé nos portables chez Jackson. Lola compris, même si elle n’a pas trop compris pourquoi. Je crois qu’elle aussi cherche à fuir quelque chose.

On a merdé. Je crois que j’aurais du ajouter une sûreté histoire que le maire ne soit pas projeté en avant dans les escaliers. Aucune idée de s’il est toujours en vie d’ailleurs. Nous avons fuit juste après. Le temps de faire nos valises, de prendre des provisions. Je n’ai pas répondu aux questions de Faustine. Elle voulait venir avec, histoire de vérifier que je ne faisais pas de connerie, mais c’est bon. J’ai réussi à m’extraire de ses serres de grande sœur trop responsable.

Probablement mon dernier post avant longtemps. J’espère que j’aurais davantage l’occasion de m’exprimer ici. Seul ceux avec qui je partage ma vie actuellement sont au courant de l’existence de ce journal. C’est Leon qui m’a conseillé d’écrire dessus. Je trouve ça plutôt risqué, mais tant pis.

Cynthia vient de s’endormir la tête sur mes genoux.

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2021-07-23T02:00:58+02:00
https://e-zack.journalintime.com/Je-nai-pas-beaucoup-de-temps Je n’ai pas beaucoup de temps J’ai fait une grosse connerie. J’hésite à effacer ce journal de peur qu’on me retrouve. J’ai fait une grosse connerie.
J’hésite à effacer ce journal de peur qu’on me retrouve.

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2021-07-23T01:48:06+02:00
https://e-zack.journalintime.com/Je-hais-l-ete Je hais l'été Bon sang, je n'étais pas revenu ici depuis quoi, une ou deux semaines ? Finalement il s'avère que tenir un journal intime devient plus compliqué que prévu, surtout en cette période. Je suis censé réviser pour la philo, mais quand je vois ma moyenne déjà assez haute, je me demande vraiment si ça vaut le coup de réviser autant. J'aime bien la matière, je pense quand même continuer à en lire, peut-être pas l'année prochaine ou celle d'après mais quand j'aurais suffisamment de temps libre pour m'y consacrer. M'enfin, il y a plus dramatique. Hier la clim' est tombée en rade et Bon sang, je n’étais pas revenu ici depuis quoi, une ou deux semaines ?
Finalement il s’avère que tenir un journal intime devient plus compliqué que prévu, surtout en cette période. Je suis censé réviser pour la philo, mais quand je vois ma moyenne déjà assez haute, je me demande vraiment si ça vaut le coup de réviser autant. J’aime bien la matière, je pense quand même continuer à en lire, peut-être pas l’année prochaine ou celle d’après mais quand j’aurais suffisamment de temps libre pour m’y consacrer. M’enfin, il y a plus dramatique. Hier la clim' est tombée en rade et j’ai appris que le réparateur ne pouvait pas venir avant la semaine prochaine, voire celle d’après. Me voilà donc voué à squatter le jardin la nuit tombée, sinon, impossible de m’endormir. Mon PC chauffe ma chambre pour au moins plusieurs heures et comme elle est plein est je reçois directement le soleil dans la gueule dès que le jour daigne montrer le bout de son nez. Cet aprem, Faustine m’a aidé à monter une tente entre deux arbres parce que cette nuit je me suis fait défoncer par les moustiques dans le trampoline. Cela dit, je renouvellerai bien l’expérience avec les copains, s’ils le veulent bien. Pas de nouvelles d’eux depuis la fin des cours, c’est-à-dire le 10. On a organisé un goûter avec ma classe pour fêter ça, évidemment la direction n’en savait rien. De toute manière, on avait tout prévu : planqués derrière le gymnase, sur le stade, personne ne pouvait nous voir. Cynthia avait apporté des gâteaux tellement étranges que personne n’en a mangé. Il s’est avéré qu’ils étaient vraiment bons (j’ai craqué en voyant sa bouille toute triste à la fin des cours, il fallait que j’en goûte un). Par contre, tout le monde s’est jeté sur celui des deux copines de Jackson. Elles m’énervent. Désolée si tu lis ça mec (je ne sais pas trop si tu as finalement trouvé ce journal vu que je sais que Léon a vendu la mèche) mais tu t’entoures vraiment des mauvaises personnes. Je n’aime pas jouer aux commères, vraaaaiment pas, mais si tu savais un quart des choses que j’ai apprises sur elles en une soirée...Elles ont l’habitude de se battre pour des mecs pour les laisser tomber au bout d’une semaine. Ne t’inquiète pas, tu n’as pas vraiment le profil. Elles recherchent plutôt des types un peu mal à l’aise, pour qui sortir avec ce genre de miss se rapproche plus d’un rêve que d’une possibilité. Je pourrais figurer en bonne classe sur leur classement : pour ceux qui ne m’ont jamais vu, je suis un type avec un petit bide, plus petit que la moyenne, très pâle. Mes lunettes me mangent la moitié du visage, mais je les aime bien. C’est Cynthia qui m’a aidé à en choisir des nouvelles. Les anciennes, je les portais depuis mes dix ans mais j’ai dû les changer pour des lunettes avec une correction écran bleu. J’ai de longs cheveux noirs, qui retombent souvent sur mon visage. Des yeux bleus très clairs, je sais qu’ils rendent mal à l’aise certaines personnes de ma classe, dont ces deux garces. Bon, pour le coup ce journal n’est plus vraiment anonyme, même si j’estime qu’il existe des tas de garçons de mon âge à qui on pourrait accoler cette description physique. Assez parlé de moi. Je pense qu’elles en ont après Léon. Ca me fait plutôt marrer, il n’a pas l’air super à l’aise avec les filles, les gens en général. J’adore ça.
Le dernier cours de littérature de l’année m’a rendu un peu triste, même si je sais que je pourrais toujours continuer d’envoyer mes textes à la prof. J’avoue, même si je ne m’entends pas avec tout le monde, cette classe va me manquer. Comme j’étais le dernier à partir, j’ai eu l’autorisation d’écrire l’adresse de mon blog sur l’un des murs. J’espère que Cynthia ne pourra pas y accéder. Manquerait plus qu’elle sache à quel point je.
Bref. J’imagine qu’elle le sait plus ou moins déjà. Je me suis pris des remarques toute l’année avec ça, je sais que Jackson essaye de nous mettre ensemble, je sais pas trop ce qu’elle ressent de son côté. Léon me dit de foncer, je lui réponds tout le temps qu’il n’y connait rien aux filles, alors il fait la gueule. Je vous parie ce que vous voulez qu’il est complètement gay - ce qui expliquerait pas mal de trucs.
Je n’ai pas revu ma petite bande depuis. On devait se capter avant le bac mais je pense que c’est un peu tard pour organiser une soirée. Les membres du club d’informatique veulent en organiser une et j’avais prévu d’y aller avec Cynthia mais elle s’est vu refuser l’entrée. Pas question d’y aller si elle n’est pas là.

J’ai appris que des guêpes avaient fait leur nid sous ma fenêtre. Impossible d’ouvrir. Je crois que je n’ai jamais autant détesté l’été. Plus sérieusement, j’ai du mal à comprendre la raison pour laquelle les gens se montrent choqués quand j’affirme haut et fort que c’est la pire saison de tout le calendrier. Trop de monde partout, surtout en période de pandémie où les gens sont trop heureux de se joindre à une foule sans masques et qui se contrefout des geste barrières. Si personne ne porte le masque, les flics ne peuvent arrêter personne, ça leur ferait trop de boulot. Puis entre nous, je pense que les gens les détestent suffisamment en ce moment. En plus des touristes, il y a les moustiques, tout aussi nombreux. J’ai peur du moment où je devrais rejoindre ma tente, alors j’écris un gros pavé même si mon ordi me donne l’impression d’avoir de la fièvre. Rajoutez à cela les degrés en plus du Sud, du réchauffement climatique et vous comprendrez mieux pourquoi l’été s’avère en réalité être la pire saison où sortir. De toute manière, je ne croise pas vraiment de touristes. J’ai repris mes habitudes vampire, je bosse un peu la nuit, je dors un peu le jour. Ces derniers temps j’essaye tout de même de reprendre le rythme inverse histoire d’être frais pour le bac. Je compte inviter les Cousins à boire un truc à l’Irish King sur le port, pour fêter ça.

Je reste dans le Sud, finalement. Après quelques jours de prises de tête, j’ai pris la décision qui s’imposait dès le début pour moi : accepter la proposition à Marseille. Plus près je serais de Cynthia, mieux je me porterais. Je compte prendre un appart avec elle, disons que j’en ai déjà trouvé un et qu’elle en cherche toujours. On va dans la même prépa, ce serait l’idéal pour elle (et pour moi). Léon se dirige vers la même prépa, il veut faire médecine. Je ne sais pas où il trouve ce courage, surtout maintenant. Heureusement pour moi, il compte rester chez sa famille et faire le trajet en train le matin, je sais qu’il ne supporte pas la vie en appartement. Jackson intègre une école de commerce à Paris. Je sais que ces parents sont fiers de lui, et vu la manière dont il en parlait, il a l’air plutôt satisfait de son sort. Ah, et autre chose ! Ce goujat a eu un van ! Plus particulièrement un T3 vert armée de 1987. Je pense que nous sommes plusieurs à l’envier profondément. Bon, le goujat en question a tout de même daigné nous promettre un petit voyage en fin juillet avec son petit bijou de carrosserie. Entre nous, je suis plutôt rassuré. C’est une première pour moi d’avoir enfin des amis (de vrais amis, pas des copains de Faustine qui jouaient avec moi pendant ses stages et qui ne répondaient plus à mes messages quand je leur en envoyais). Même si je sais vivre seul, ma vie ne serait plus la même sans Léon pour me donner ses conseils inutiles, Jackson pour chercher à m’énerver de toutes les manières possibles et Cynthia pour… M’aimer, peut-être ?

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2021-06-15T00:07:00+02:00
https://e-zack.journalintime.com/Choix-de-vie Choix de vie Rebonjour cher journal ! Je n'ai pas écrit depuis quelques jours, je n'en avais ni le temps, ni les moyens. Ma semaine a commencé par une grosse dispute entre C. et son cousin, devant moi. Bon, peut-être que sur le coup, j'aurais mieux fait de me taire. Je résume : en arrivant au lycée, je trouve les deux cousins devant leur classe, pas pressés de rentrer. Comme moi, ils n'avaient aucune envie de brasser du vent en prétendant réviser pour le bac, l'épreuve de cette année étant quasiment donnée dès lors que l'on se montre à peine attentif les deux premiers trimestres. Comme je Rebonjour cher journal !
Je n’ai pas écrit depuis quelques jours, je n’en avais ni le temps, ni les moyens. Ma semaine a commencé par une grosse dispute entre C. et son cousin, devant moi. Bon, peut-être que sur le coup, j’aurais mieux fait de me taire. Je résume : en arrivant au lycée, je trouve les deux cousins devant leur classe, pas pressés de rentrer. Comme moi, ils n’avaient aucune envie de brasser du vent en prétendant réviser pour le bac, l’épreuve de cette année étant quasiment donnée dès lors que l’on se montre à peine attentif les deux premiers trimestres. Comme je n’avais aucune envie de monter trois étage pour mon cours d’allemand, je suis resté avec eux. Du lendemain, on devait se voir, mais il fallait que je décale un peu. Mes parents m’avaient informé ce matin qu’ils avaient bel et bien pris rendez-vous pour que je me fasse vacciner. De mon côté, tout m’allait tant qu’on ne m’injectait pas l’Astra Zeneca. J’ai appris plus tard qu’on le réservait aux personnes âgées.
Bref. Officiellement, nous devions rejoindre des copains perdus de vue au port de la Citadelle. Officieusement, on avait prévu de se mettre une mine dans le pub irlandais qui venait de rouvrir. J’annonce donc aux deux cousins la raison pour laquelle je ne les rejoindrai que plus tard. Evidemment, ma réponse n’a pas fait l’unanimité. Entre le paranoïaque et celle qui se soigne seulement avec des plantes, j’aurais dû m’en douter. Ce ne sont pas des antivax, ce serait plutôt drôle par rapport au choix de Léon d’avoir choisi une école de médecine. D’ailleurs, il me semble qu’il a été pris à Marseille. De mon côté, j’hésite entre rester dans le Sud ou filer sur Paris. Je sais que C. va rester dans le coin, elle est censée aider l’un des garde-forestier de San Ceri, il me semble qu’elle commence un poil plus tôt que nous.
Pour tout avouer, je sais que gâcher son avenir pour une fille n’est pas raisonnable, mais ce n’est pas comme si la prétention de devenir ingénieur m’habitait. Mon père ne comprend pas mon désir d’être prof en fac ou lycée et de mener une vie simple. J’ai l’impression qu’il faut toujours sécuriser avec lui, penser à demain, aux pertes d’argent, au cours de la bourse. Je déteste cela. Personne ne pouvait prévoir la pandémie, tout comme un tas d’autres évènements. Enfin, je pense qu’il existe tout de même des chiffres assez sérieux sur la probabilité d’un évènement B par rapport à un évènement A, est-ce que l’on peut relier ça à la psycho-histoire ? Aucune idée. Ce journal doit être un charabia pas possible pour quiconque ne me fréquente pas quotidiennement.

Revenons au vaccin ! La piqûre ne m’a rien fait sur le moment. J’imagine que l’alcool n’a pas dû aider, mais j’ai eu un mal de chien à l’épaule dans les jours qui ont suivi. J’ai loupé une journée de cours, je n’arrivais même pas à me traîner devant mon ordi. En clair, j’étais une vraie larve.

Je sens que les cousins traînent de moins en moins avec les autres. Notre petite bande me manque, mais faut dire qu’avec les cours, on n’avait plus beaucoup de temps pour nous. L’arrêt des notes est bientôt là, j’espère que les autres ne feront pas semblant de réviser le bac de philo la semaine d’après...Avec C., on voulait organiser une sortie à deux, comme au bon vieux temps. Elle insiste pas mal pour que je lui envoie le lien de ce journal mais je ne cèderai pas. De toute manière, à moins de squatter le cdi, elle n’aura aucun moyen de le lire, et ça m’étonnerait pas mal qu’elle se donne la peine de le consulter chaque jour. Anonymat 1, Vie Publique 0 ! Il faudrait que j’en profite pour vous en parler plus en détail, peut-être une autre fois.

Je n’ai plus que deux jours pour valider un voeu alors que je me projette à peine dans deux mois. Soit je cède aux arguments parentaux et je m’installe à Paris, soit je m’écoute et je prends un appart à Aix pour rester proche de Cynthia. Je ne sais pas trop si je devrais lui en parler. Les études ne l’ont jamais branchée alors je me doute qu’elle ne saurait pas trop me conseiller. Peu importe, je pense que lundi je lui demanderai.

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2021-05-30T00:47:56+02:00
https://e-zack.journalintime.com/Premiere-journee-post-acceptation-du-defi Première journée post acceptation du défi Aujourd'hui, tout s'est relativement bien passé. Tôt ce matin, les amis de mon frère se sont fait réveiller en sursaut par le tuyau d'arrosage, et mon père. Les deux en même temps. Quelle idée de squatter le trampoline... Après quatre mois d'absence, j'ai pu revoir mes grands-parents. Ils m'avaient manqué. Le confinement les a obligé à rester enfermés chez eux, eux qui détestent rester sur place et ne pas savoir comment s'occuper. Il faut croire que le sang amérindien qui coule dans leurs veines, le souvenir du vent d'Amérique du Nord soufflant sur la lande, le territoire de Aujourd’hui, tout s’est relativement bien passé.
Tôt ce matin, les amis de mon frère se sont fait réveiller en sursaut par le tuyau d’arrosage, et mon père.
Les deux en même temps.
Quelle idée de squatter le trampoline...
Après quatre mois d’absence, j’ai pu revoir mes grands-parents. Ils m’avaient manqué. Le confinement les a obligé à rester enfermés chez eux, eux qui détestent rester sur place et ne pas savoir comment s’occuper. Il faut croire que le sang amérindien qui coule dans leurs veines, le souvenir du vent d’Amérique du Nord soufflant sur la lande, le territoire de leurs ancêtres, leur manquent toujours un peu. Comme une saveur d’enfance qu’on oublie pas. Il faudrait que je leur demande la manière dont ils se sont rencontrés. Je sais qu’ils vivaient dans deux réserves différentes et qu’ils se sont mis à dos leurs familles respectives pour avoir fui en France, mais ma mémoire a occulté certains souvenirs des récits de mon grand-père. A moins qu’ils ne me l’aient jamais vraiment expliqué en détails, mais j’en doute.

C’est mon grand-père qui a fait naître en moi mon goût pour la lecture. Bien évidemment, je préfère tout de même le cinéma, à n’en point douter. Pas besoin de vraiment se concentrer pour comprendre le gros de l’histoire, tandis que déchiffrer la quatrième de couverture d’un roman ne sert absolument pas à déterminer les enjeux d’une œuvre. Mais à choisir, je crois que je préfèrerais écrire un livre plutôt que de devoir me coltiner toute une équipe pour tourner l’un de mes films. Je déteste le travail d’équipe, bien que je considère qu’il est parfois nécessaire d’aller au-delà de ses principes quand il s’agit de gratter une bonne note. Encore un sujet de débat avec C. Cette dernière passe son temps à réviser mais considère que mon esprit de compétition à ce niveau-là n’est pas sain et n’a aucun sens. Elle ajoute souvent que nos notes actuelles ne valent plus grand chose. "C’était mieux avant".

Faudrait que je vous parle de C. un jour, mais comme elle a insisté pour que je lui envoie le lien de mon site par mail quand j’aurais le temps, je ne suis plus trop sûr.
Je n’ai pas forcément envie qu’elle connaisse l’effet de ses remarques sur moi, ce que je pense d’elle de manière générale. Et puis, ce journal est censé être anonyme, non ?
Bon, mise à part que vous vous doutez probablement de mon prénom. Alors voilà, ici, je serai Isaac. Ce n’est pas mon véritable patronyme, même s’il lui ressemble.
Mais comment s’appeler autrement quand toutes votre enfance est rythmée sur le bruit de doigts grinçant sur des pages, une collection science-fiction qui s’étoffe au fur et à mesure des années dans votre bibliothèque, les récits d’un homme, la voix de mon grand-père ?

J’ai plusieurs points communs avec Isaac Asimov.
Tout d’abord, nous sommes tous les deux passionnés par différents domaines scientifiques, nous sommes nés le même jour (le 2 janvier !) et nous avons tous les deux des origines russes. Evidement, j’imagine que de son côté ce sang russe ne s’est pas mélangé à du sang amérindien et japonais mais j’admet que je ne suis que plus réjoui d’hériter de ces cultures en plus.

De quoi est-on censé traiter dans un journal intime déjà ? Il faudrait peut-être que j’en touche un mot à C., pour obtenir un peu d’aide, au moins une direction à prendre pour réussir mon défi. Je n’ai jamais écrit de journaux intimes, je n’aime pas m’épancher sur un sujet émotionnellement fort sans pouvoir être certain de la fiabilité des personnes à qui je m’adresse. Autour de moi, tous n’étaient que troubles. Formes beiges ou plus foncées parfois, souvent menaçantes. C. m’éclairait le chemin parmi cette grotte de décérébré.
Le seul problème à l’horizon, ç’aurait été qu’elle m’abandonne dans cet endroit où je ne misais pas sur mes chances de revenir dignement.
Mais je ne m’inquiète pas tant que ça.

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2021-05-24T02:06:00+02:00
https://e-zack.journalintime.com/Anonymat Anonymat J'ai décidé de commencer ce journal en ligne suite à une récente dispute avec C. Celle-ci me reprochait de plus en plus de profiter du système d'anonymat que notre bon vieux système français n'a pas totalement supprimé. Je crois qu'elle ne saisit pas à quel point il est dangereux de s'exprimer librement aujourd'hui, bien que les récents évènements nous le prouvent encore et toujours. Seulement, j'en ai ma claque de ne jamais m'exprimer sur bien des sujets. J'aimerais pouvoir être libre de tout déclamer sur la place publique sans en choquer certains, sans provoquer de J’ai décidé de commencer ce journal en ligne suite à une récente dispute avec C.
Celle-ci me reprochait de plus en plus de profiter du système d’anonymat que notre bon vieux système français n’a pas totalement supprimé.
Je crois qu’elle ne saisit pas à quel point il est dangereux de s’exprimer librement aujourd’hui, bien que les récents évènements nous le prouvent encore et toujours.
Seulement, j’en ai ma claque de ne jamais m’exprimer sur bien des sujets. J’aimerais pouvoir être libre de tout déclamer sur la place publique sans en choquer certains, sans provoquer de polémiques. Il est probable que ce sujet-là soit lui-même polémique.

Bref, puisque je suis ici pour vous compter ma vie, mon quotidien, tout a commencé quand nous étions dans le bus, C. et moi. Il faut savoir que Mistinguette ne prend jamais le bus d’ordinaire. Généralement, elle se coltine à son vélo, mais manque de pot, sa roue venait d’éclater sur le chemin du lycée et elle a réussi à choper le bus in extremis à mon arrêt. Je la pensais suffisamment déterminée pour y aller à pied mais j’oubliais qu’elle désirait maintenir son niveau et qu’un retard n’est pas ce qu’on pourrait qualifier de détail insignifiant pour C. J’ai eu beau la taquiner, j’étais très loin d’être déçu.

Continuons. Je profitais d’un léger creux dans notre conversation pour faire un tour sur Instagram où je scrollais des pages et des pages de publications d’inconnus, de visages légèrement connus voire, parfois, de visages que je connaissais bien pour faire partie de ceux qui voyageaient à nos côtés dans ce bus, quand C. a décidé d’entamer un léger coup de gueule sur ma manière de me comporter et surtout, de celle des utilisateurs dont je likais certaines publications. J’ai plutôt l’habitude du discours de vieux con que me servent à chaque fois mes parents ou la génération de boomers (leurs propres parents) qui peinent à prendre une photo sans un jeune dans la rue prêt à les aider à débloquer le mode selfie qu’ils ont involontairement déclenché. L’entendre dans la bouche de C. m’a donné l’impression de redevenir ce petit garçon pris en flagrant délit sous sa couette, vers une heure du matin un soir de semaine, les yeux à la la limite de la conjonctivite avec ma vieille DS dans la main. De sa part, j’aurais dû m’en douter. Pour vous mettre dans le contexte, elle n’a ni téléphone, ni télé, ni quoique ce soit ayant été inventé ces trente dernières années chez elle. Je ne sais pas si ce sont ses parents qui lui imposent un régime pareil, mais si c’est le cas, je la plains. En ce moment, je n’arrive pas à tenir plus de trente minutes sans mon téléphone à la main. Même mes nuits de semaine y passent, si bien que je suis tout le temps crevé et sur les nerfs. Heureusement pour moi, les autres n’ont à me supporter qu’un jour sur deux maintenant.

Revenons à nos moutons. C. venait de critiquer ouvertement ces personnes passant leur vie sur les réseaux sociaux et affichant une fausse image d’eux même pour flatter leur ego. Cette fois, ce fut moi qui levais les yeux aux yeux. Sérieusement, qui n’a jamais entendu cela de la part de ceux qui déclarent ne pas vouloir faire partie de la masse ? Tellement cliché, tellement décevant de sa part, bien qu’une fois encore, je m’y attendais. Qui n’a jamais rêvé d’être différent, supérieur aux autres, au bas peuple qui écoute du rap, ne lit plus depuis la cinquième et porte des chaussures blanches dont tout le monde connaît la marque depuis leur grande mode dans les années 80 ?

J’ai alors rétorqué que ces personnes ne faisaient que se confier à un public dans le but d’avoir des retours, que quand bien on pouvait considérer leur entreprise comme profondément narcissique, nous n’avions pas à les juger comme elle le faisait alors. Nous faisions tous la même chose, nous ressentions tous ce besoin de reconnaissance au fond de nous. Ce besoin de se sentir aimé. Dans mon cas, il m’est venu à l’esprit que ce que je désirais le plus au monde, c’était d’être enfin écouté. J’éprouve le besoin d’être écouté pendant que je déblatère quelques notions d’informatiques devant un public qui visiblement s’en fout.

C’est alors que C. m’a tendu une perche. Mistinguette ne doutait même pas du fait que j’allais la saisir.

Un défi, sur plusieurs années. Ecrire un journal complet, en ligne, pendant quelques temps. Laisser les gens trouver qui je suis, comprendre enfin si oui ou non l’anonymat s’avérait être une solution à la liberté d’expression la plus complète. Allons bon, j’ai accepté. J’ai revêtu le masque d’une nouvelle identité, d’un nouveau pseudo, d’un nouvel avatar pour donner plus de fil à retordre à ceux qui se résoudraient en fin de compte à venir m’attaquer physiquement IRL.

Je suis fin prêt à déballer une partie de ma vie ici.

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2021-05-23T01:37:00+02:00